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Trouvez ici les textes archivés du concours d'écriture 2022

L’instant d’un moment

 

Je sais que je rends visite à mon amie pour la dernière fois. Dans ma voiture, je me sens nerveuse. J’ai l’impression que mon cœur palpite au rythme du rock qui passe à la radio. Mais je dois rester concentrer. Pas question d’avoir un accident ou de subir le moindre accrochage. Je ne veux pas arriver en retard, je ne me le pardonnerais pas. 

Depuis plusieurs années, Macha a une maladie dégénérative, sans espoir de guérison. En octobre dernier, elle m’annonce qu’elle souhaite l’aide médicale à mourir. Elle m’informe avec le sourire que sa demande est acceptée. Intérieurement, je me dis : ça ne me surprend pas, elle souffre tellement. C’est à ce moment qu’elle formule sa requête : consentirais-tu à m’accompagner dans ma démarche ? 

Le coup d’envoi a sonné, le décompte du jour « J » est amorcé. Je sais que je n’oublierai jamais cet instant.

J’arrive à destination. Mes jambes tremblent légèrement en marchant vers la résidence. Je longe le corridor menant à sa chambre. Sa porte est entrebâillée. Je respire à pleins poumons : ce n’est pas le temps de l’apitoiement, mais l’heure de la compassion. Je cogne et j’entre sans attendre de réponse. Je mets un sourire sur mes lèvres et je m’approche : bon matin. 

Le sien m’indique son apaisement en voyant ma présence. Elle est confortablement allongée dans son lit. Les deux médecins qui l’accompagnent me saluent. Je prends la main de Macha.

  • Comment te sens-tu ce matin ? 

  • Bien, j’ai tellement hâte que tout soit fini.

  • En conduisant, j’ai repensé à notre première rencontre. T’en souviens-tu ?

  • Nous étions dans la même classe à l’école, rétorque-t-elle.

  • Je te parle de la toute première fois où notre véritable amitié a débuté. Selon ma mémoire, cela s’est passé chez la famille Thuot. Ils venaient d'acquérir une piscine hors terre, ce qui était rare en 1962. Les journées chaudes d'été, chaque enfant avait le droit d’inviter un camarade. Quand je suis arrivée cet après-midi-là, elles se baignaient déjà. Je devais donc attendre pour jouer avec elles. Je les regardais nager et s’ébrouer en s’aspergeant d’eau. Soudain, tu te diriges vers nous en maillot de bain. Un casque de bain avec une fleur multicolore ornait ta tête et une serviette pendait à ton bras. Tu as demandé au père de Lise si tu pouvais faire une trempette. Il a refusé. Tu es repartie avec une moue. Je l’ai entendu dire à sa femme : « celle-là, elle est venue hier soir et elle réitère aujourd’hui. A-t-on l’air d’une piscine publique ? De plus, je ne connais même pas ses parents ».  

Tu t’es éloignée et je t'ai rejointe en courant. La semaine d'avant, ta famille emménageait dans une petite maison, au bord de la rivière , au bout de la 6e avenue. Un seul coin de rue nous séparait. Notre amitié dure depuis ce moment. 

  • On ne peut même plus compter le nombre de fois que nous nous rendions l’une chez l’autre, me répond-elle. Nous marchions sur le mur de ciment qui limitait le cours d'eau.

On se regarde et d’un grand éclat de rire, nous disons en même temps : « on ne devait surtout pas mettre un pied sur la pelouse de mademoiselle Guillette ». 

Nos souvenirs remontent à la surface. Des mots incohérents pour les médecins présents sortent de notre bouche : « tab…lier », « bas », « ch…eveux ». On s’esclaffe de plus en plus, en les prononçant. Nous trouvons la situation si drôle que des larmes de joies coulent sur nos joues. 

Je dois vous expliquer que cette vieille fille portait toujours une robe fleurie, recouverte d'un tablier blanc. Souvent, ses longs bas bruns retenus à la cuisse par un élastique redescendaient sur ses chevilles. Elle était tellement loufoque lorsqu’elle partait après nous d’un pas claudiquant. Elle courrait pour nous rejoindre en remontant sa robe de chaque côté d’elle avec ses mains. Elle ressemblait à un épouvantail avec ses cheveux ébouriffés au vent. 

Soudain, on arrête de rire. Nos regards se croisent. Nos pupilles se fixent, marquant l’éternel amour qui nous unit. L’intensité de ce moment est si forte, qu’on entend une mouche volée. Je peux presque sentir son cœur battre. J’ai l’impression qu’elle voit en mon âme et moi dans la sienne. D’une voix douce, je lui remémore :

  • Est-ce que tu te rends compte que notre amitié dure depuis soixante ans ? Oh ! On a pris des chemins différents, mais les circonstances de la vie nous ont toujours réunis. 

  • Moi, je crois que le destin a voulu que nous soyons là l’une pour l’autre !

  • Je lui demande : es-tu encore décidée ?

  • Plus que jamais, rétorque-t-elle. 

  • Tu n’as pas de regrets, pas de remords et pas d’amertumes. 

Je dis cette phrase, plus pour me rassurer, qu'un questionnement. Elle affirme ce qu’elle m’a toujours répété : 

  • J’ai dépassé ce stade depuis longtemps, maintenant je franchis une autre étape. 

J’acquiesce sa décision et je l’accompagne dans son cheminement. Elle se tortille, libérant une jambe des couvertures. Je la replace.

  • Attends, je gonfle ton oreiller.

  • N’oublie pas de contacter la gagne de filles. Tu le sais, je ne veux pas de cérémonie. Vous irez au restaurant et vous prendrez un verre en pensant à moi. Il est défendu de pleurer. Je vais vous surveiller, déclare-t-elle, en souriant avec un clin d’œil. J'espère vous voir rire et faire le party. 

  • C’est promis : pas de larmes.

  • Qu’est-ce qu’on attend, docteur ? demande-t-elle.

  • Nous débutons dès que vous nous donnez votre accord. Comme nous vous l’avons expliqué à notre arrivée, vous pouvez changer d’idée à tout moment.

Elle opine, mais en mon for intérieur, je connais déjà sa réponse. Les médecins s’approchent d’elle et la préparent avec des gestes de tendresses.

Je ne regarde pas le cocktail de pilules qu’elle ingurgite. Je sais toutefois que c’est la fin…ou le début d’une nouvelle vie. 

Les yeux dans les yeux, l’instant d’un moment, nous vivons en symbiose dans l’accord tacite et la sérénité que nous partageons. Je croyais ressentir de la tristesse, mais je n’éprouve rien ! En la regardant, je serine dans ma tête : je t’aime mon amie, je t’aime mon amie … Elle expire une dernière fois. La vie quitte son corps. Je tiens sa main encore quelques minutes. Ensuite, je la replace doucement sur son drap immaculé. 

Je galère dans mes sentiments. Soudain, je sens une chaleur intérieure me pénétrer, le calme m’envahir. Moi, qui croyais avoir le cœur en miettes, je ressens de la quiétude. J’ai l'impression que : Macha, la généreuse, m'indique son bonheur à sa manière. Je me surprends à sourire. Je l’imagine euphorique d’éprouver un soulagement, de ne plus subir toutes ses souffrances reliées à sa maladie. 

Le libre choix de mourir à sa façon m'enseigne la résilience et le courage d’accomplir les démarches que l’on prend. 

Je me dirige vers ma voiture afin de retourner chez moi. Mon cœur palpite encore, mais en communion avec ses décisions. Je sais qu’elle demeurera éternellement dans mes pensées. 

 

Ton amie immuable

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Texte de Madame Danièle Demers, Estrie

Publié le 1er juillet

Chaque instant d’un moment est une parcelle d’éternité

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Monologue  d’une petite chaise berçante.

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 Nous sommes le 23 décembre 1971. 

Depuis quelques semaines, je repose sur une étagère d’un magasin à grande surface du nom de Woolco, situé rue St-Charles, à Granby. Je ne le sais pas encore, mais aujourd’hui sera le premier jour de ma nouvelle existence.

         J’apprendrai plus tard, qu’un jeune couple, propriétaire d’une maison à Granby depuis l’été dernier, a décidé ce matin, qu’il voulait instaurer la tradition  de célébrer la fête de Noël dans leur foyer. Puisque le 24 décembre, ces jeunes personnes iront fêter Noël et le réveillon chez les parents de la dame, et bien ce sera le 23, qu’ils s’offriront un bon souper et leurs cadeaux de Noël. De toute façon, c’est prévu qu’ils doivent aller  acheter les cadeaux  à la fin de l’après-midi.

Woolco étant un endroit qui propose un bon choix d’articles et que finalement le temps est compté, c’est là qu’ils se rendent ensemble, puisqu’ils ne possèdent qu’une seule auto. Afin de garder la surprise, chacun va de son côté après avoir décidé qu’ils iront  porter leurs achats  à l’intérieur de l’auto, dès qu’ils auront  été complétés. Ils doivent se retrouver dans une heure, au département de la décoration des fenêtres. Le mari, qui avait sans doute sa petite idée, convient qu’il rangera les cadeaux  dans la valise de l’auto et elle, les déposera entre les sièges où une couverture les recouvrira. 

        Je  suis toujours dans mon étagère et regarde toutes ces personnes qui ont l’air parfois préoccupées et il me semble qu’elles courent et ont hâte de rentrer à leur maison. J’aimerais bien leur offrir une pause berçante, certainement que cela les détendrait… Oh, mais voilà qu’un jeune monsieur s’approche de moi. Il m’examine attentivement, s’attarde à  ma résistance, à l’essence du bois dont je suis fabriquée et finalement décide de me soulever et de m’emporter jusqu’à la caisse, pour effectuer l’achat. Quel bonheur, moi aussi je vais sans doute pouvoir fêter Noël! 

       Aie, aie, mais c’est quoi cet endroit où je me retrouve enfermée, presque seule dans le noir… il fait froid…  Au bout d’un moment, je sens qu’on se déplace, je reprends espoir : sans doute on m’apporte ailleurs et je sortirai dès l’arrivée. Enfin on s’arrête, j’entends l’homme dire : « Entre la première et, si tu veux bien me préparer du ruban et du papier d’emballage, je vais aller au sous-sol emballer le cadeau.»

Après quelques minutes, on ouvre enfin la valise de l’auto et on m’entre bien au chaud dans la maison, en me portant jusqu’au sous-sol. Là,  on m’entoure d’un joli ruban rouge avec une boucle et un bout de papier d’emballage de Noël. J’ai fière allure, mais j’ai bien hâte de déplier mes berceaux qui sont repliés depuis plus d’une semaine.   Quoi, on m’abandonne encore toute  seule dans le noir? Eh! Je veux aller en haut moi aussi…

       Pendant ce temps, ça sent bon le souper et ça semble être la fête là-haut. Enfin, j’entends des pas dans l’escalier et le mari me monte à l’étage. Il me porte au  salon où un joli sapin est illuminé et où son épouse m’accueille avec surprise et  de beaux éclats de rire en disant :-« Je suis tellement heureuse, il y longtemps que je désire pouvoir relaxer en me berçant. Merci beaucoup mon chéri!»   

On déploie mes berceaux et la  jeune femme m’utilise immédiatement. Il est décidé que ma place sera dans la cuisine, près de la table, juste en face de la fenêtre.  Évidemment, on m’utilise très souvent.  Lui, aime bien se détendre et  lire le journal à son retour du travail, pendant qu’elle finit de préparer le souper. Elle,  apprécie  lire et écouter de la musique ou  regarder la télévision en se berçant doucement.

         Quelques mois plus tard, j’ai l’impression  qu’elle devient de plus en plus lourde quand elle s’assoit et,  un après-midi, elle  revient, après cinq  jours d’absence, avec une jolie petite fille dans ses bras.

Oh! Alors là, mes berceaux sont  abondamment  utilisés. Autant de nuit que de jour, papa et maman me permettent de  faire taire les pleurs et d’endormir le bébé.  Un peu plus de deux  années plus tard, c’est  une autre belle petite fille, qu’on  berce à son tour et souvent avec sa sœur, toutes  les deux dans les bras de papa. Maman aime bien endormir ses petites en chantant de jolies berceuses. Ce n’est que presque six  ans plus tard  que cette fois, un magnifique petit garçon  profite  également  de mes bienfaits. Lui aussi  est bercé  à l’occasion, avec  ses deux sœurs, sur les genoux de papa.  Même les chats, qui se  succèdent dans cette famille, aiment dormir sur le coussin posé sur  mon siège. 

        Oh, mais, je dois  mentionner que ma  vie est  assez mouvementée.  Je déménage pour faire  partie du mobilier au  chalet à Roxton Pond, puis un beau jour je me rends avec  l’aînée à Trois-Rivières. Elle est  devenue maman à son tour et j’ai   le privilège de bercer ses trois  enfants. Quelques années plus tard, je reviens à Granby, cette fois chez la deuxième  fille pour  endormir  et veiller ses deux  fils dans leur petit lit. Grand-maman en profite également pour  chanter des berceuses et endormir ses petits-enfants quand elle a le plaisir de s’occuper d’eux. 

        J’ai même l’opportunité de me  présenter sur les planches du théâtre Palace dans des scènes de spectacle de théâtre  et dans des spectacles de danse.

Depuis quelques années, je me  repose dans un entrepôt avec plusieurs paniers de plastique remplis de costumes de danse. Que de  souvenirs nous  partageons!

        10 septembre 2021,  durant la nuit, un évènement terrible se produit… J’ai chaud, je respire de la fumée, les sirènes des pompiers, un bruit d’enfer.   J’ai peur, je sens que  c’est la fin…  Une petite berçante en bois, ça alimente bien un incendie; de l’eau et de la matière  chimique m’éclaboussent … C’est un cauchemar, bien réel…   

        Enfin, en après-midi, je n’ose y croire, on me retire des décombres, je suis presque intacte et…qui vois-je? 

Qui me tend les bras?

Est-ce bien eux? Ils ont vieilli, mais oui, ils m’ouvrent leurs bras tout heureux et avec des larmes aux yeux, me disent :

- «Nous te ramenons à la maison où tu finiras tes jours, en nous berçant et peut-être, en espérant que dans quelques années, tu berceras nos arrière-petits-enfants.».

   

J’ai retrouvé ce foyer qui est mien depuis  cinquante  ans. On ne peut espérer mieux.

En cet instant, je comprends que le moment présent porte en lui la richesse et la charge du passé ainsi que  l’ouverture vers l’avenir.

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Texte de madame Laurette Pinard Blanchard, région  Estrie     

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La tête dans les étoiles

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Début décembre 1990. Au bureau la frénésie des Fêtes se fait sentir. L’ensemble de mes collaborateurs travaillent dans une ambiance de ruche, silencieuse et efficace. Tout à coup, la directrice administrative, une femme spontanée qui respire la bonne humeur, arrive à côté de moi avec un large sourire…

« Nous soulignerons cette année, pour la première fois, les enfants des employés et je te vois très bien dans le costume de la Fée des Étoiles ! ». J’interroge du regard son propos à savoir si c’est une blague et à voir ses yeux illuminés, elle est très sérieuse. Même le costume est déjà loué pour la cause. J’aime cette femme remplie de projets, et comme je suis bonne joueuse en général dans la vie, que j’adore tout ce qui est magie, de raconter des histoires du monde imaginaire et surtout les contes qui finissent toujours bien. J’embarque à pieds joints dans ce projet !

Le moment venu pour les préparatifs, je me maquille un peu et j’enfile ce costume : une longue robe rose forme conique ayant quelques brillants autour des manches et un chapeau pointu de même couleur avec une un petit voile et c’est avec ce kit de débutante que j’entre en scène la première fois pour animer les enfants de mes collègues.

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Tout est en place, un grand sapin couvrant des cadeaux, des guirlandes suspendus, des bouquets de ballons, un festin et des sourires sur tous les visages. Je salue les parents pour rassurer les plus petits à participer et surtout faire leur connaissance. Je les invite à m’accompagner dans un rituel de chansons de Noël qui les fera patienter jusqu’à la remise de leur présent. Ils entonnent avec cœur, gêne et joie et je suis ému de voir leurs visages s’éclairés dans le but ultime d’avoir une rencontre avec cet autre personnage mythique qui arrive par la cheminée et donne des cadeaux. La Fée des Étoiles est aux anges et réalise l’importance d’être celle, qui par complicité avec eux, fera en sorte que grâce à toute cette mise en scène, arrivera le bon vieux Père Noël.

Quel inoubliable moment !

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La deuxième année de cet événement, une de mes collègues ayant du talent en couture, me fabriqua une merveilleuse robe de Fée des Étoiles digne des contes de Fées. Couleur argentée avec des manches, un collet et une ceinture en dentelle fait sur le modèle « Sissi ». J’étais très excité d’enfiler cette nouvelle robe pour la reprise de cette journée remplie de magie. 

Dans mes préparatifs, ma mère qui était porté vers les objets brillants et flamboyants m’a offert une paire de boucle d’oreilles couleur blanc nacré reflétant du rose et du bleu, agrémenté d’un zircon qu’elle m’a gentiment et fièrement donné. Je me suis procuré une baguette en forme d’étoiles, des souliers brillants bien entendu, et pour terminer : maquillage et guirlande argenté orné d’étoiles en guise de couronne. La Fée des Étoiles renaissait de ses cendres !

Que cette grande fête commence ! Les parents et surtout les enfants, garçons et filles confondus, étaient éblouis devant ce personnage que je représentais. Les petits nourrissaient toute la magie qui s’opérait à travers les chants, la bonne humeur et surtout le bonheur de préparer la rencontre tant attendue de ce bonhomme au costume rouge et longue barbe blanche qui faisait son entrée tout aussi spectaculaire! Que de plaisir à voir chaque année ces enfants qui grandissaient, d’autres qui s’ajoutaient et me permettait de retrouver la Fée des Étoiles qui sommeillait en moi durant 364 jours par année. Cet instant où, dans ma longue robe argentée, je faisais rêver des enfants et réveillait tout le côté magique de cet événement.

 

J’ai adoré la faire revivre dix ans d’affilés avec autant de reconnaissance envers cette femme qui m’avait gentiment invité à enfiler les chaussures de cette incarnation du monde de l’imaginaire de la merveilleuse Fée des Étoiles. J’ai travaillé durant presque 30 ans dans cette entreprise qui a pris un essor fantastique au travers les années et pris à son emploi des enfants qui étaient présents à cette fête et une d’entre elle m’a confirmé :

« Pour nous, tu étais LA Fée des Étoiles ».

Quel bonheur d’avoir participé à toute cette belle magie !

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Alors voilà ! Durant un court instant, j’entrais dans un monde imaginaire et devenais la Fée des Étoiles sortie tout droit du ciel, et durant ce court instant où vous lisez ce texte rempli de moments enchantés, faites un vœu car on ne sait jamais si la magie est réelle…

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Texte de madame Ghislaine Potvin, Montérégie-Est

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L’INSTANT D’UN MOMENT…

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C’était un beau samedi de juin, je revenais d’un voyage d’une dizaine de jours en Orient, mais avant mon départ j’avais accepté d’assister au feu de camp annuel de la troupe de scouts locale pour souligner le solstice d’été. 

Étant un ancien chef scout, avec plusieurs années de service, je venais parfois les aider, je ne pouvais donc pas refuser une telle invitation. Vers la fin de ce beau samedi après-midi, je me suis rendu au campement des scouts, au bord d’un des beaux lacs de la côte nord. 

Après un bon souper, pendant que j’attendais que les membres et responsables de la troupe exécutent les multiples tâches qui s’imposent, je me suis retiré un peu à l’écart, tout près de l’orée de la forêt où j’ai vécu l’instant d’un moment superbe à la tombée du jour.

Le ciel était bleu garnit de petits moutons blancs et les couleurs de l’arc-en-ciel se relayaient tour à tour pour former des cheveux d’ange multicolores, pendant que «Hélios», le soleil des Grecs, était temporairement accroché sur la crête de la montagne voisine, attendant patiemment que son lit soit prêt pour la nuit. 

Je crois qu’il regardait en arrière afin de voir le trajet qu’il avait parcouru tout au long du jour en traversant cette voute céleste. Il devait être un peu gêné, puisqu’il passa tranquillement du jaune au rouge, puis aider de quelques stratus qui l’enveloppaient de langes mauves, ornés de banderoles turquoise, il se glissa tranquillement dans son lit au-delà de la montagne, laissant derrière lui un ciel clair et rosé, prévoyant un lendemain magnifique.

Assis sur une buche, adosser contre un arbre, j’admirais le panorama qui se déroulait devant moi. En face, les eaux du lac étaient calmes et lisses comme un miroir. Un canard malard et un huard avec un petit sur son dos glissaient délicatement sur cette surface, pendant que des insectes à longues pattes patinaient gracieusement autour d’eux. 

Près de la rive, presqu’à mes pieds, une grenouille toujours prête à bondir pour cueillir son souper, ne laissait que ses yeux submergés, tels des périscopes, effectuant le guet. Elle se délectait d’avance de ces insectes qui seraient assez imprudents pour s’aventurer près de sa longue langue. 

Tranquillement, le jour céda sa place aux ombrages nocturnes, et avant que la nuit puisse s’installer, la pénombre déroula lentement son drap gris. Tout prêt, le feu de camp faisait déjà briller ces flammes jaunes et éblouissantes, tout en laissant échapper une douce source de chaleur provenant de ses lamelles bleues et rouges qui léchaient les bûches, des étincelles brillantes s’élançaient vers le ciel donnant à ce feu de camp l’aspect d’un feu de joie. 

Les derniers vestiges de l’hiver, ennemis mortels de la chaleur printanière, se cachent longtemps au plus profond des sous-bois, pour en sortir après que «R» soit disparu de l’horizon, c’est ainsi qu’ils se vengent en refroidissant les soirées de juin sur la côte. 

Là-haut, suivant l’étoile Polaire, de beaux luminaires prenaient place un par un et même parfois en petits groupes, ils m’offraient une chorégraphie nocturne unique. Pendant que quelques-unes de ces étoiles filaient hors de cette grande toile, le grand ours regardait les constellations qui venaient, tour à tour, se placer sur cette toile pour former un immense rideau de dentelle sertie de diamants aussi brillants les uns que les autres. 

Pour achever ce ballet spectaculaire et grandiose, les aurores boréales, qui sont chez elles ici au nord, revêtus de leurs magnifiques robes multicolores, se mirent à danser.

J’aurais bien aimé que tout se déroule sur une pellicule, pour qu’une telle scène puisse être gardée précieusement, ou qu’un grand peintre puisse l’éterniser sur une toile. Hélas, un tel événement éphéméride ne se voit qu’une fois dans la vie, il n’y en a pas d’autres semblables, et si cela se renouvelle, il ne sera jamais exactement pareil. 

Quelle chance d’avoir eu le bonheur de profiter de cet INSTANT D’UN MOMENT sans pareil pour assister au déroulement d’un spectacle aussi grandiose. 

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Texte de M. Jean-Maurice Gaudreau, Ontario

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Toi, que j’aime tant

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    L’instant d’un moment je t’ai regardé et j’ai compris. C’est là que j’ai fait le vœu de t’aimer pour la vie. 

    Tu grandis, tu tombes, tu pleures, tu ris, tu t’améliores et tu jouis pleinement de la vie. 

Tu fais des bonds de géants dans la compréhension de la vie. Puis, l’instant d’un moment tu questionnes et tu te rebelles, mais la plupart du temps tu suis le flot de la vie comme on suit le courant d'une rivière sans se soucier des fondements de son lit. 

    Au bout d’un moment, tu crois avoir trouvé ta voie. Tu dis haut et fort comment tu la vois. 

Tu l’aimes ta vie, tu roules à toute vitesse avec la fougue de ta jeunesse. 

    Les années passent. Tour à tour joyeuses, parfois édifiantes, mais souvent défiantes. Soudainement, l’instant d’un moment, il te semble que tu es devenu étranger à ta propre vie. Une vie à l’image de tierces - tes parents, tes enseignants et tes amis, un chemin que tu as suivi en pensant être le tien. 

    Tu t’arrêtes, l’instant d’un moment pour sentir ce parfum qui envahit ton corps, te faisant vibrer haut et fort. Tu le respires, tu l’aimes, mais tu ne sais toujours pas comment le laisser t’envelopper pour y découvrir l’essence de ta vie. 

    Une courte pause pour reprendre de plus belle cette course effrénée qu’est l’offrande de la vie. Tu produis, tu cours, tu t’envoles dans le concubinage d’une vie accompagnée. Tu émanes la joie, une vie à deux que tu crois être le bonheur retrouvé. 

    Les années passent. Tu te retrouves, en train de nager dans une société enjolivée d’images empruntées à un bonheur éphémère. Puis, l’instant d’un moment, tu t’interroges encore - Qui suis-je? Qu’arriverait-il si, maintenant, j’acceptais d’écouter qui je suis pour en découvrir toutes ses saveurs? Serais-je jugé si je ne suis pas au goût de cette société? Serais-je accepté et compris? … J’ai peur, mais l’appel de mon cœur est si puissant! L’instant d’un moment je choisis de m’engager sur ce chemin inexploré…

WOW! Quelle liberté! 

    Tu te sens revivre. C’est comme si tu venais d’être propulsé au royaume de toutes les possibilités. Tu te retrouves au-dessus d’une terre inconnue t’invitant à te libérer. Chutes incandescentes, volcans en ébullition, la mer qui berce, font de ton paradigme existant une explosion colorée. Un atterrissage en douceur vers la profondeur de qui tu es, un accueil bienveillant t’y attend. 

    De nouveaux parfums te font frémir et font place à la découverte de talents au relent d’espoir. Tu deviens conscient de ton pouvoir créatif grandissant. Tu ne te contentes plus de simplement subsister, tu composes ta vie. La joie et la paix intérieure sont de plus en plus présentes, elles te guident et t’accompagnent dans tes choix. Tu commences à soupçonner ma présence. 

    Toutes tes expériences ont une aura de succès sur cette terre promise. Puis un jour, l’instant d’un moment, tu peines à croire à ta chance ne voyant plus que c’est toi qui l’as commandée. Les peurs de ton subconscient refont surface et te mènent de nouveau sur la route du doute. Tu vacilles temporairement, mais peu à peu tu reprends tes esprits. Le soleil recommence à briller. Tu sais que je suis là. Une présence qui est là pour y rester. De doute tu n’as plus.

    Des années durant, ta vie est à la hauteur de tes plus grandes aspirations. Tu aimes à ton tour. Tu prodigues soins et amour tout en voyant aux tiens. Tu exultes la joie, tu radies le bonheur simple, celui d’être pleinement toi. Tu sais que tu es un être humain en évolution et que ta vie est une œuvre d’art à modeler. 

    Tu sais maintenant que je t’aime et que je serais toujours avec toi. Tu perçois désormais ta vie dans sa globalité, avec toute la grâce et l’appréciation qu’il t’est maintenant facile à incarner. Ce que tu croyais être des ratés te font réaliser que ce n’était qu’un tremplin à sauter. Tu as découvert qui tu étais. Joie et amour divin enfin retrouvés.

    L’instant d’un moment tu t’envoles enfin vers cette joie immuable si longtemps recherchée. Le chemin vers la liberté assurée.

    L’instant d’un moment tu n’es plus parmi eux, mais avec moi qui t’aime et t’aimera à jamais … À la maison enfin tu me rejoins.

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Texte de madame Monique Chabot, région Montérégie-Est

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Lune de miel en mille miettes

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Au moment de son dernier aveu, je me suis soudain dit : 

    – « Elle vient de fracasser ma lune de miel… notre lune de miel! »

À cet instant, j’ai aussi craint que ce ne soit à jamais irréparable. 

 

C’est aux cris de « Vive les mariés! » que, accompagné de mon épouse, je quitte la noce pour une lune de miel devant durer toute une vie. Je fêterai mes vingt-deux ans dans un mois.

Le bonheur parfait, ça doit ressembler à ça! Dans la voiture de mon beau-père, nous roulons sur la 132 en direction du Bas-Saint-Laurent. Aucune réservation, on se soucie peu d’où on dormira, tant et aussi longtemps que ce sera dans le même lit pour toute la nuit. Ça, ce sera, du jamais vécu!

On arrête notre choix sur un motel de Sainte-Luce-sur-Mer qui, hormis la vue sur le fleuve, n’offre que l’essentiel. Qu’à cela ne tienne, on va dormir ensemble, dans le même lit, toute une nuit.

C’est au retour du restaurant qu’on réalise que nous ne serons pas seuls : la moustiquaire est déchirée et c’est au tour des maringouins de faire la noce à nos dépens. Pas question de fermer la fenêtre, car il n’y a pas d’air climatisé. Je me retrouve donc debout sur le lit, tout nu, à tenter de tuer le plus grand nombre possible de ces intrus gravitant autour de l’ampoule du plafond, source d’une lumière blafarde sur notre nid d’amour. Contre mauvaise fortune, on rit à cœur joie. On est joyeux, on est heureux, toute une vie de bonheur s’ouvre devant nous agrémentée, on l’espère, de la venue de deux ou trois enfants.

Le sans-gêne que sous-entend la scène de la chasse aux moustiques s’explique du fait que, puisque dans nos cœurs, nous étions déjà mariés, nous n’avions pas à attendre la bénédiction nuptiale de l’Église pour goûter les plaisirs de la chair. L’arrière de la Pontiac de mon père en témoigner!

 

Élevé dans une maison sans sœur, éduqué dans des institutions sans filles, tant au secondaire qu’au primaire, instruit par des parents dévots, dans une religion qui interdit tout plaisir sexuel, partagé autant que privé, et surtout absolument pas allumé par des images plus excitantes que les filles encore pudiques des premières éditions du magazine Playboy, je n’avais eu aucun problème à « me garder pur » jusqu’au mariage. Je comptais, ingénument, qu’il en était de même pour presque tous les jeunes de mon âge. On ne se masturbait même pas. Il y a même un de mes amis qui a dû aller se faire circoncire en revenant de son voyage de noces parce que des adhérences avaient empêché la consommation de leur union. Que le couple que nous formions ait succombé à ses pulsions pendant nos fréquentations ne venait pas vraiment en contradiction avec mon éducation ou mes principes, convaincus que nous étions que c’était parti pour la vie.

Oh! Je suis bien conscient d’avoir laissé passer certaines occasions où j’aurais pu tenter ma chance; j’ai même été laissé par une amie qui ne me trouvait pas assez entreprenant, mais mon éducation, ma personnalité et surtout ma gêne furent garants de ma virginité.

 

Notre mariage étant prévu pour la fin du mois, je n’étais revenu de mon emploi en Nouvelle-Écosse qu’à la mi-août, quelques jours après ma fiancée qui arrivait d’un voyage en Gaspésie avec trois amies.

Après quatre mois sur une base de la Marine royale canadienne où la gent féminine est pour ainsi dire invisible, je suis tout content de la retrouver et de la serrer dans mes bras, mais, frein à mes élans, je ne peux pas l’embrasser, car elle a une poussée d’herpès buccal. Comme je n’ai jamais entendu ce mot, elle m’explique qu’il s’agit d’une réaction allergique au soleil de la Gaspésie.

 

Le voyage de noces terminé, on s’installe dans notre premier petit logement et on vit notre amour vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je sèche mes cours à l’université pour rester au lit le matin et il n’y a rien qu’on ne fait pas ensemble. Comble du bonheur, notre premier enfant s’annonce pour l’automne. C’est l’euphorie. On l’attend dans l’allégresse. Au printemps, on part pour la Nouvelle-Écosse où m’attend mon emploi d’été. On revient dans un logement assez spacieux pour y aménager une place au poupon. Peut-on être plus heureux? C’est le bonheur parfait, la lune de miel qui se poursuit.

Pourtant, à mon insu, un nuage se pointe à l’horizon; aucun signe ne me permet de prédire la tempête qui va bientôt déferler et assombrir ma joie d’attendre mon premier enfant. 

 

    – « Tu sais, il faut que je t’avoue que tu n’es pas le premier à …

    – …

    – Ce n’est pas de ma faute; c’était le jour de mes dix-sept ans et un voisin, trois ans plus âgé que moi, s’est fait tellement insistant que j’ai fini par consentir. 

    – …

    – Mais, crois-moi, je ne voulais pas. Vraiment! »

Cette révélation va à l ‘encontre de toute mon éducation, de mes valeurs, mais surtout de toutes mes attentes. Je suis catastrophé. J’ai mal. Mais bon, il faut se faire une raison, surtout qu’on attend un bel enfant. On passe à autre chose mais ça me suit, ça me perturbe même si la chose, vue dans le contexte des mœurs d’aujourd’hui, est en soi relativement anodine. 

Il faut croire qu’un nuage en attire un autre, car quelques semaines plus tard, elle me dit :

    – « Tu sais, il y en a eu un autre, à l’été au chalet de mon oncle. C’est un ami de mon cousin qui lui aussi a tant insisté qu’il a épuisé ma résistance. »

Drôle de hasard, je connais les deux gars. Ouf! Elle vient de rouvrir une plaie qui se cicatrisait et, moralement, je saigne abondamment. Je me sens floué.

Un peu plus tard, un autre partenaire et puis un autre. Je m’enfonce un peu plus à chaque coup. Tout cela va tellement à l’encontre de toute mon éducation, de mes attentes et surtout de tous les propos échangés au cours de nos fréquentations sur nos valeurs respectives, sur l’honnêteté, sur la franchise.

Enfin, elle me confie un dernier aveu : c’est l’apothéose de la tricherie. Trois semaines avant notre mariage, en Gaspésie avec ses deux copines, elle s’envoie en l’air avec un chansonnier québécois qu’elle prend la peine de me nommer, je ne sais trop pourquoi. 

    – « Je ne pouvais pas faire autrement, tout le monde baisait sur la plage… »

Il me semble que même avec les mœurs plus ouvertes d’aujourd’hui, ce timing serait jugé sévèrement. Et comme, entre temps, j’avais fait ma petite recherche sur l’herpès, je me demandais si c’était réellement d’une réaction au soleil que venait la poussée d’herpès qu’elle a dû maquiller le jour de notre mariage …

Et pendant son voyage, je recevais toujours des lettres brûlantes d’amour.

De tout raconter a dû être des plus cathartique, mais le poids dont elle se soulageait se transbordait illico sur mon propre dos et chaque révélation était non pas une simple addition, mais un alourdissement exponentiel de mon fardeau.

J’avais mal. J’étais dépité. Je n’avais personne à qui en parler. Je souffrais en silence, par en-dedans alors qu’elle, elle était plus légère de ce poids reporté sur mes épaules.

Je n’ai jamais oublié et je lui en ai voulu d’avoir choisi le moment où on attendait notre premier enfant pour en parler. J’ai même songé qu’elle avait peut-être utilisé sa grossesse comme police d’assurance pour que je ne la quitte pas. Je lui en voulais de ses aventures, je lui en voulais de ces confidences non nécessaires. 

J’ai réalisé que je lui en voulais surtout de sa dernière frasque et du moment choisi pour ses aveux. C’est d’ailleurs à ce moment, que je me suis dit :

    – « Elle vient de fracasser ma lune de miel … notre lune de miel! »,

À cet instant, j’ai aussi craint que ce ne soit à jamais irréparable. 

 

La blessure est depuis longtemps cicatrisée, mais, comme une ancienne cassure le fait par temps humide, elle se rappelle parfois à moi, avec toute son amertume.

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Texte de monsieur André Busque, région du Haut-Richelieu

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