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 Textes concours 2024

Trois thèmes cette année

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Mon clown intérieur 

Si la vie m'offrait un cadeau

Une journée vraiment spéciale

Mon Clown intérieur

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Un matin de printemps se lève sur la terre… Une sensation d’appel de mon âme résonne au plus fort. Difficile à exprimer, les mots me manquent… Une sensation de vide s’empare de moi puis soudainement, un éclat de joie de vivre indicible parcourt mon corps et mon cœur, me faisant frissonner tout en accrochant un sourire à mon visage et mes cellules. 

C’est comme si les chagrins d’hier ne ressemblent, maintenant, plus à rien ! Et me voilà dans une rencontre intime avec mon sage intérieur. Un sage aussi sage qu’une image ? Non, pas forcément, ce personnage se révèle être un véritable amuseur à ses heures ! Laissez-moi vous le présenter… 

De chaque épreuve qui le fait tomber, il se relève, époussetant la poussière du sol sur son pantalon bien trop grand et repart, les mains dans les poches trouées de son manteau extravagant.  Ses immenses chaussures le font souvent chuter s’il marche un peu trop vite mais il refuse à une vie trop à l’étroit…

Il peut faire rire de lui, oui, peut-être ! Qu’importe, il avance, avec une attitude curieuse et enjouée, dans la vie. Et même si celle-ci continue à le faire s’écrouler encore et encore, il ne cesse de se relever et continue à marcher, le sourire jusqu’aux oreilles. Il regarde l’existence avec ses grands yeux écarquillés ressemblant à des dômes blancs comme un bout de chance à saisir car le temps est bien trop précieux pour se morfondre.  

Son nez tout rouge comme celui du renne du père noël lui donne un air débonnaire. Ridicule ! Non jamais… Ce mini ballon écarlate en plein milieu du visage est comme un « sésame ouvre-toi, révèle-toi dans ta naïveté, ta drôlerie » et voilà que tout porte à la légèreté, à la liberté d’être tout simplement. 

Vous devez avoir reconnu mon personnage avec ma description… Mon sage est nul autre que mon clown intérieur ! Il suffit de le regarder pour qu’un éclat de joie jaillisse. 

Cet ami fidèle, même si parfois timide, me tend un miroir pour me révéler toutes ces parties cachées de moi : ma sensibilité, ma gaucherie, ma candeur, ma vulnérabilité avec une touche de légèreté, de détente qui m’amènent à en sourire. Tout en douceur et en délicatesse, mon philosophe humoriste me permet d’abandonner le sérieux, parfois le drame de la vie, pour retrouver la joie du cœur d’enfant et revenir à mon essentiel. Il fait fi de tout orgueil de l’ego avec l’humilité du rire de soi car jamais, il ne se prend au sérieux. Il transcende la douleur, le sérieux, le difficile de la vie.  

Il a sous son chapeau de couleurs, tout plein d’histoires intemporelles, des histoires de cœur, des histoires à croire pour croître, des histoires à pleurer de joie ! 

Quand les émotions sont trop fortes ou que l’environnement m’échappe, ce personnage ne rit pas forcément, ni ne cherche à me faire rire.  Sa sensibilité développée et très affinée m’apporte une certitude du sens de chaque évènement si dur soit-il. Je comprends alors que la vie m’offre de nouvelles occasions de grandir en maturité, tout en demeurant dans l’ouverture et l’accueil de ce qui se présente. 

Telle une lumière qui surgit de l’ombre, il éclaire mon paysage intérieur mélancolique pour le rendre enthousiaste. Ce rayonnement s’élargit, prend de l’expansion pour devenir allumeur des lumières voilées dans les cœurs qui m’entourent. Cette clarté vive, éblouissante scintille de mille éclats de rires d’enfance car l’allégresse est tout de même la nature, l’essence du clown. Ce personnage me fait voyager sur le tapis magique qui m’emporte dans le ciel de l’Émerveillement. Puis un soir, il me révèle son nom « Euréka Quirira » ! 

Avec ce personnage transcendantal, émerge une nouvelle force vive intérieure décuplée ! Un ravissement simple et authentique part de loin, fait briller mes yeux, pétiller mon cœur, me réchauffe l’âme pour être porté par le reflet de chaque règne de la création sur la terre et dans l’Univers.

Depuis, mon esprit sourit, vit, s’envole, caracole, cabriole vers un ailleurs. Je ne cherche pas un monde plus beau, plus heureux… Avec mon ami, je souris, je ris et je crée la joie dans ma réalité, un rire à la fois ! Je saupoudre de fraicheur tout ce que j’entreprends et tout ce que je vois !

Alors que j’allais vous quitter sur ces belles paroles de lumière, soudainement, mon clown me lâche la main, fait un dernier tour de piste et se met à claironner…  

—Oyé Oyé, public bien aimé ! Une poussière d’étoile magique a déposé dans votre poche, dans votre sacoche, une clé d’or, pareille à la mienne. Celle-ci ouvre la bouche au sourire, déverrouille le cœur pour l’inonder de joie et permet, si vous le voulez, de contacter votre propre clown caché, enfoui en vous. Quand vous serez prêt, tournez cette clé sans plus tarder pour voir la magie opérer ! Sans plus attendre… vous rirez à gorge déployée, vous rirez de tout comme de rien, vous rirez de bon cœur, vous rirez aux éclats, vous rirez aux larmes, vous rirez à ventre déboutonné, vous rirez grand, vous rirez durant le temps de vie si précieux qui vous est donné ici-bas !  La joie n’existe que pour être vivante et demeure le meilleur « médicamour » pour soi et l’humanité tout entière…

« Euréka, qui rira, vivra ! » Souvenez-vous plus de cela que de moi !    

 

 

Texte de Béatrice Paul, juillet 2024

 

 

 

Si la vie m’offrait un cadeau

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Une longue réflexion émerge en moi afin de répondre honnêtement à ce que la vie pourrait m’offrir en cadeau. Si la vie pouvait m’offrir un cadeau avec une baguette magique, je désirerais que les gens dont j’ai aimé le plus au monde reviennent dans ma vie, mais ceci serait allé contre la vie elle-même.

Si je suis plus réaliste, je répondrais ceci : apprendre à aimer sans se perdre.

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J’ai tellement aimé, je voulais le meilleur pour elle. Toute ma vie se brodait tout doucement pour lui léguer une force pour vaincre les défaites de la vie avec doigté qui feront tôt ou tard son apparition. Aussi, lui faire voir son potentiel et accroitre la persévérance en tout. L’amour, elle en connaissait déjà les traces que ça laisse par trop aimer. Je lui ai tout donné, du mieux de mes capacités. Je me suis oubliée, mais je l’aimais tant. C’est comme si ma vie lui était dédiée pour l’outiller à faire face à ce grand carrousel de la vie.

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Vous avez compris ce que la vie pourrait me donner. Comment aimer tous ces gens sans s’oublier, sans trop de compromis de l’amour de soi. Fuir la douleur de trop aimer. J’ai sûrement mal compris le second commandement de Dieu : tu aimeras ton prochain comme toi-même et non avant soi-même. On peut s’émerveiller avec tant de beauté dans ce monde incertain et incompris par plusieurs d’entre nous, comme moi. Mais ce monde a de multiples palettes de couleurs, il suffit de les voir et non de les regarder sans voir. Si seulement j’avais compris, je n’aurais pas erré dans ce labyrinthe à la recherche de l’amour qui était si près pourtant, là, dans mon cœur. Cet amour n’était pas dirigé vers moi, mais bien toujours vers l’autre. Arrêter de chercher l’amour de l’extérieur, mais bien de l’intérieur. Ce serait si facile et plus doux pour mon âme et m’aidera à me sentir plus en sécurité dans mon monde.

 

Hé ! la vie, peux-tu me bousculer un peu ? Pas trop brusquement quand même, mais assez pour me réveiller comme il faut. Voir le beau en moi, car il y en a de belles nuances de couleurs pastel et brillantes aussi, j’en suis certaine.

Et si… si maintenant, cet amour m’a rejoint enfin. Faut-il que je sache le recevoir ce cadeau de la vie tant attendu.

 

Je pourrais aimer la vie de manière plus dynamique. Je verrais le ciel d’un bleu lumineux et clair, parsemé d’une couleur vibrante bleu roi associé à l’élégance. Je capterais ainsi plus de lumière dans ma vie. Ce cadeau me rendrait plus lucide. Premièrement, je comprendrais que la mort fait partie de la vie, car je verrais le beau dans tout, et c’est une étape sûrement grandiose dans la vie. Ce cadeau me ferait jouir des beautés existantes et invisibles aussi. La vie serait plus douce. Il existerait plus d’émerveillement autour de moi parce que je verrais l’amour dans tout, ainsi, je m’aimerais désormais.

 

J’aurais plus confiance en moi pour aller là où je veux, et ce, avec confiance. Accomplir de merveilleuses actions avec plus de vigueur et moins de pas incertains. Si la vie m’offrait ce cadeau de m’aimer aussi, j’escaladerais cette chaîne de montagnes pour aller plus loin vers le bonheur, retrouver cet oxygène trop longtemps retenu en suspension, hors de mes poumons. Si la vie m’offrait ce cadeau, l’assurance acquise par l’amour de soi surmonterait mes actions du haut de ces montagnes.

Je réalise que ce cadeau, dans le fond, est présent dans ma vie. C’est l’aveuglement obscurci involontaire et sournois qui, par manque d’amour de soi, m’empêche de m’élever avec honneur au-delà de ses terrains massifs sur notre route de la vie.

Il n’en tient qu’à moi de danser avec les couleurs du spectre de l’arc-en-ciel.

Merci JMV de m’amener à découvrir ce cadeau de la vie.

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Texte de Sylvie Martineau, août 2024

 â€‹Une journée vraiment spéciale​

 

Silencio

 

  Sous un soleil de plomb, loin de la ville, l’autobus suivait son trajet à travers les montagnes fières et majestueuses des Andes péruviennes là où les ravins s’accrochent trop souvent aux rebords de la route étroite. Chaque tournant de ce chemin en lacets nous offrait la promesse d’un paysage grandiose malgré les courbes dangereuses qui se succédaient sans fin. Tout était paix et harmonie dans ce panorama fait sur mesure.

 

  Il n’aura fallu qu’une seule fraction de seconde pour que tout bascule dans le vent de l’épouvante. Il était 14 heures quand le temps s’est arrêté dans ce site enchanteur. Toutes les secondes folles du moment présent se sont figées lorsque le silence s’est brisé dans l’air. Les montagnes en écho ont appelé au drame et malgré la chaleur accablante, c’était comme si la mort à nous glacer le sang venait de passer.

 

  Deux enfants sur la route criaient à s’en fendre l’âme, hurlant sans cesse comme des damnés. Leurs cris portés par une douleur vive allaient dans toutes les directions, engendrant une vague de panique autour d’eux. Complètement affolés, les enfants terrorisés par la catastrophe piétinaient sur place comme dans une transe guidée par l’horreur sous leurs yeux. Dans un geste de désespoir, ils prirent finalement le corps de leur frère cadet tombé au beau milieu de la route pour aller le coucher en bordure du chemin.

 

  Un des enfants alla chercher une femme ; leur mère. Celle-ci arriva sur les lieux déjà en proie à la folie devant la tragédie. L’inconcevable la cloua sur place. Je la voyais déchirée par le froid que j’imaginais couler dans ses veines jusqu’au plus profond de ses entrailles. Elle ne semblait plus être sur terre dans ce paysage soudainement transformé en fin du monde. 

 

  Sous le choc, aveuglée par la douleur, elle n’écoutait que l’effroi dans son être. Délirante, elle criait vouloir mourir, pressant contre elle le corps inanimé de son jeune enfant. Impuissante, elle le regardait, l’embrassait et le secouait en lui ordonnant de vivre. Elle criait et hurlait avec ses deux autres enfants et répétait ses gestes brusques guidés par le déni, le désespoir et l’espérance dans des supplications sans fin.

 

  La fatalité lui peignait un horrible calvaire face à la souveraineté de la mort qui de toute évidence ne pouvait que lui imposer la réalité et non lui rendre son fils, ce petit ange n’ayant fait que ce qu’il fallait, en accord avec son destin. Sans vouloir être un héros, il était là, volontaire dans le tournant, pour protéger son animal, l’unique vache qui faisait vivre sa famille.

  Une courbe fatale dans cette beauté rurale. Les montagnes dans cette zone du Pérou seront à jamais porteuses de l’écho de ce terrible événement. 

Le chauffeur de l’autobus a fait crier les freins, croyant être capable d’éviter l’inévitable, mais il était trop tard. 

   J’étais assise juste derrière lui et par instinct de survie, j’ai mis les pieds dans la vitre qui nous séparait pour me protéger de l’impact de freinage aussi fort que subit.

  J’entendrai toujours dans ma tête le crissement des roues sur le chemin terreux, tout comme le bruit de ce petit corps se faisant happer par l’autobus pour aller rouler sous le véhicule. Je me souviens aussi de l’affolement du chauffeur en état de choc.

 

  L’impuissance est proche parent de l’irréparable.

 

  Tout le monde est sorti de l’autobus en silence et nous sommes restés là, bouleversés et pensifs dans un silence de mort attendant au pied de la montagne endeuillée sous un soleil de plomb un autre autobus qui nous conduirait dans la ville où a été exécuté Atahualpa, le dernier empereur de l’Empire Inca.

 

  L’ambulance quitta les lieux avec la mère et son enfant et la vache sacrée devenue porteuse de fatalité fut reconduite dans son enclos. Nous sommes arrivés enfin à Cajamarca tard le soir après avoir percé les brumes dormantes, les nuages de pluie et les épais brouillards qui talonnent la route qui grimpe dans la montagne.

 

  Cette nuit-là j’ai pleuré comme une mère qui perd son enfant. Cette journée est gravée en moi à tout jamais et me rappelle que la seule vérité est l’impermanence du temps et que n’est durable et stable que la nature immortelle de l’esprit.

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Texte de Ghislaine Couture, septembre 2024

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Le clown en moi.

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Le clown en moi a plusieurs aspects et multiples talents, il passe de sérieux à joyeux tout comme d’artiste à espiègle, rempli d’amour pour la vie, son visage souriant est vite remplacé par une figure triste devant la souffrance et la misère. Il a beaucoup d’emprise sur moi.

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Dès que les premières clartés du jour se pointent à l’horizon, je suis convaincu que le clown en moi est déjà réveillé et planifie ses actions pour me faire raconter des histoires, poser des devinettes, faire des bouffonneries incluant les tours que j’aurai à jouer, pour lui plaire.

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Je me souviens qu’étant plus jeune, il m’inspirait à faire toutes sortes de pirouettes et de culbutes, tel un vrai saltimbanque, afin de plaire à mes parents, mes amis et amies. Dans le cas de ces dernières j’aspirais surtout à attirer leur attention et leur admiration, à la conquête d’une d’elles, malheureusement les répondantes n’étaient pas toujours celles que je voulais impressionner.

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En vieillissant, je me suis souvent posé la question : « est-ce réellement possible qu’un être semblable vienne me hanter et me pousser à faire de telles pitreries. »

La réponse est sûrement « OUI » puisque même octogénaire, je ne peux m’empêcher de trouver quelques histoires drôles et des petites niaiseries afin de faire rire ceux et celles qui m’entourent, tout comme la marionnette Guignol, qui faisait rire les Lyonnais.

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Le clown Auguste m’a déjà inspiré à porter un drôle de costume. Il sait que je ne porterai pas ce pyjama à pantalon bouffant garni des frisons autour du cou, des poignets et des chevilles ; ni ces longs souliers ridicules, avec un bout gonflé se ballottant à chaque pas ; ni ce ridicule chapeau en cornet renversé garni d’un pompon rouge ; encore moins ce nez rond rouge vermillon. 

Malgré tout, un jour j’ai été choisi pour assister le père Noël, je devais donc me costumer en « fée des glaces » pour une soirée de Noël de mon club de service. Coiffé d’une couronne placée sur une perruque à longs boudins blonds, je portais une longue robe rose et tenais à la main une baguette magique. Vêtu d’un tel accoutrement ridicule, je faisais des mimiques drôles et des pitreries.

Les membres ont bien ri, mais j’ai décroché le titre bien mérité de « FÉE DÉGUEULASSE. »

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Le clown musicien m’a souvent fait chanter du folklore avec quelques chansons à répondre, ou à boire. J’y ai pris plaisir, car quelques-unes d’elles étaient plus ou moins grivoises. Parfois, j’ai même dû faire des bouffonneries en chantant. Un jour, les pantalons retroussés aux genoux, ma blouse devant derrière, les cheveux en broussaille et le visage rempli de mimiques je chantais

« m’en revenant de Rigaud. » 

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C’est grâce à lui que j’ai chanté dans des chorales ou j’ai appris, la fameuse chanson

« LA TOURTIÈRE » de Lionel Daunais, que j’ai interprété à différentes occasions au Québec et en Ontario.

Même le clown comédien en moi m’a inspiré de me joindre à un ami pour présenter de courtes comédies sur divers sujets, tel le hockey ou des malades chez un docteur.

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Le clown raconteur en moi, ne m’a jamais demandé de faire des conneries, ni raconter des histoires sales, blessantes ou humiliantes… il était certain que je refuserais. Par contre sachant que j’ai beaucoup d’imagination, il m’a souvent soufflé l’idée de raconter des faits plus ou moins réels, et comme le Capitaine Bonhomme ceux-ci s’étiraient et devenaient de plus en plus imaginaires.

Inspiré de mon clown intérieur, j’accepte toujours de jouer avec les mots ou de déformer drôlement des phrases tout comme « Sol » le faisait, mais si j’ai de la riposte, le tout devient vite une bataille comique du style « Sol et Gobelet ». 

J’aime aussi faire rire les enfants tout comme « Bozo » le clown américain. Je leur raconte des histoires à dormir debout, parfois plus ou moins cocasses. Que de fois dans des soirées familiales ou entre amis il m’a fait danser pour faire rire et raconter drôlement des anecdotes de mon passé.

J’aime bien mon clown intérieur, il a rendu ma vie joyeuse avec beaucoup de gens heureux autour de moi. Il m’a permis de savourer de grandes joies et d’endurer de grandes peines, ensemble nous jouissons de bons amis et amies. Je suis triste à la pensée que certains n’ont pas la chance d’avoir un clown en eux pour les stimuler à vivre heureux tout en aidant leur entourage à oublier leur tracas, ne serait-ce que pour un instant de bonheur.

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Texte de Jean-Maurice Gaudreau, Ontario-Outaouais, octobre 2024

Main dans la main avec Slava

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J’ai six ans, il fait nuit et j’ai peur. Aujourd’hui, j’ai découvert la méchanceté des hommes. Bien cachée sous mes couvertures, je fredonne cet air que ma mère chantonne quand je suis triste. Tout à coup, une voix résonne dans mon cœur, cette voix me fait rire, me fait oublier ce pour quoi je suis triste. Cette voix je lui donne un nom Slava, je vais marcher main dans la main avec lui pendant des années.

Les jours de pluie, même quand le soleil pleure, Slava vient me faire rire, il m’apprend des trucs de clown, il dessine des rayons de soleil sur mon cœur. Toute petite, je l'imite à faire des pitreries pour que mes amis ne voient pas ma peine. Pendant longtemps, on me surnommera Jojo le clown.

Puis un jour, arrivent mes dix-huit ans, je ne sens plus le besoin de toujours avoir ce clown accrocher à mes baskets, je suis une adulte après tout. Alors au coin d’une rue, j’abandonne Slava sur le bord d’un quelconque trottoir et je m’en vais sans lui dire au revoir. Ma vie d’adulte fut plutôt tourmentée. Après quelques années d’errance,

je me suis retrouvée au carrefour où je l’avais vu pour la dernière fois. Mon cœur se souvint de lui, de ses rires, de ses pitreries et pour la première fois son absence pesa lourd sur mon âme. Pourquoi quand nous devenons adultes, avons-nous peur de laisser ce clown se manifester et le laisser vivre en nous ?

C’est en entrant dans l’appartement que j’entendis de longs sanglots. Je cherchais d’où cela pouvait venir. Après avoir tourné en rond quelques minutes, j’aperçus une forme dans le coin de la bibliothèque, c’était sa place préférée. Dans la pénombre, je ne le reconnus pas immédiatement, mais en allumant la vieille lampe de porcelaine posée sur 

une petite table d’époque… surprise ! alors là je sus qu’il était revenu. Je m’accroupis et m’assis à ses côtés en appuyant ma tête sur son épaule. Tout à coup, je sentis son bras m'entourer et ensemble on pleura sur nos retrouvailles.

Il m’expliqua vaguement le pourquoi de son retour, et je compris que plus jamais je ne le reverrai… avare de mots il me laissa ce poème que je trouvai à mon réveil…

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Ce soir le vieux clown nous quitte

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Les yeux rivés à son miroir

Le vieux clown pleure

Ce soir est son dernier soir

Il revoit toute sa vie…

Sa vie de clown

Il se voit arriver sur scène

Habillé de son habit tout bariolé

Et s’empêtrant dans ses chaussures démesurées

Regardant les yeux des enfants devenir tout étoilés

Exécutant quelques pas de farandole

Et quelques grimaces de guignol

De l’assistance s’élève le cri de joie des enfants

Parfois même, il entrevoit les sourires des plus grands

 

Sur scène

Il a toujours su cacher sa déveine

Il était là pour faire rire

Ignorant son propre délire

Ce soir est le dernier

Il devra tirer sa révérence

On ne requiert plus sa présence

On a déjà signé sa mise à pied

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Une semaine après son départ, je fis un bizarre de rêve, je marchais avec lui, je lui tenais la main, Slava debout en équilibre sur une échelle. Vers midi, le facteur sonna à la porte et me remit une enveloppe. Quand je l’ouvris, un parfum embauma la pièce et je reconnus ce parfum… voilà son dernier message. 

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Un clown dans les nuages

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Le vieux clown est mort hier

Mais… mais un cœur de clown

Demeure toujours dans notre imaginaire

Voguant avec le simoun

À  la toute fin de son voyage

Enroulé dans sa toge

Son âme a quitté la loge

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Et il s’est retrouvé entre deux

lampadaires du moyen-âge

En équilibre sur son nez

Se tenait une échelle

Voulant atteindre le ciel

Telle était sa destinée

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Il vit librement

Dansant et chantant

Pour tous les enfants

Petits et grands

Qui ont rejoint le firmament

Sur son visage

Plus aucun maquillage

Et libéré de son lourd bagage

On entend son rire qui voyage

Si au clair de lune

Vous apercevez son visage

Flottant sur un nuage

Souhaitez-lui bonne fortune…

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​Texte de Jocelyne Pepin, novembre 2024

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