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Textes concours d'écriture 2025

Les thèmes 

Un rêve de jeunesse.

Si j'avais une autre vie, je voudrais être...

L'être le plus extraordinaire que j'ai rencontré.

Les trois textes gagnants seront publiés à tour de rôle.

Tous les autres textes reçus, le seront par la suite...

 À lire ce mois-ci sous le thème

Si j'avais une autre vie, je voudrais être...

 par Michel Guertin

 

Si j’avais une autre vie à vivre, je voudrais : Naître Acadien.

« Attends-moi sur le corner, je vais revenir back tantôt ».
Si j’étais né Acadien, je pourrais me permettre d’inclure des mots ou des expressions anglaises dans mes phrases sans avoir à me faire traiter de quelqu’un qui ne sait pas bien parler sa langue. Je saurais que le « chiac » fait partie de ma culture.
Si j’étais né Acadien, comme toi, j’écouterais le ressac de la mer qui te dit à chaque vague que tu reviens vers ton pays d’origine.
Comme toi, je dégagerais un air salin à ma suite.
Comme toi, j’entendrais de loin le son de ton drapeau qui est hissé avec fierté un peu partout sur les maisons en Acadie, et même souvent seul devant la mer pour te rappeler qu’après l’immensité de celle-ci, c’est ici sur ces rivages que commence ton territoire ancestral.
C’est de ce bord de mer que tes ancêtres se sont fait exiler, et c’est sur ces mêmes bords de mer que leur volonté et le ressac les a ramenés.
C’est pour toi Acadien que la terre est ronde afin qu’après ta déportation, tu puisses revenir à ton point de départ.
Comme toi, je parlerais en chantant avec cet accent qui nous touche droit au cœur. Je parlerais avec ton langage poétique et coloré qui décrit si bien ton environnement, tes émotions et ta joie de vivre. Avec ta prononciation, mes mots viendraient colorer les idées, les descriptions et les émotions. 

Comme toi, je serais fier d’être debout sur les épaules de nos ancêtres, je me souviendrais de leurs faits d’armes en me rappelant que c’est grâce à eux que nous sommes ici. Je leur serais reconnaissant d’avoir défriché la forêt afin que l’on puisse voir plus loin pour continuer à bâtir le pays qu’ils ont toujours voulu pour eux et pour nous.
Si j’étais né Acadien, je n’aurais pas simplement un nom pour m’identifier dans la foule. Je ne serais pas seulement XYZ. Non. Je serais XYZ à Marcel, à Euclide, à Joseph, ou XYZ à Berthe à Claudia à Eugénie.
J’aurais toujours avec moi ma lignée familiale qui ferait partie intégrante de mon quotidien en la déclinant avec fierté lors de ma présentation aux gens rencontrés.
Si j’étais né Acadien, je saurais prononcer plein de noms de villes et de villages autochtones partout en Acadie, noms authentiques, qui n’ont pas été dénaturés par les Saintes-ceci et Saint-cela.
Si j’étais né Acadien, je passerais dans ces mêmes villages et remarquerais les petites églises de bois à hauteur d’homme. Je saurais qu’il y a des endroits où le clergé est resté à côté de l’homme pour y vivre à sa grandeur.
Si j’étais né Acadien, je saurais qui reste où n’importe où sur la planète. Je saurais qu’où il y a un Acadien, il y a maintenant l’Acadie. 

Et comme Pierre Haché, lors de notre visite dans cette lointaine ville qu’est Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, je saurais qu’il y a un Acadien qui y vit et j’irais le saluer comme si nous nous connaissions depuis toujours. 

Si j’étais né Acadien, je serais presque parent avec cette grande écrivaine que fut Antonine Maillet. Comme tout Acadien, dans mon cœur, elle ferait partie de ma famille. Je ferais partie d’un grand peuple qui semble éparpillé, mais qui est tissé très serré. Comme Acadien, j’aurais mon histoire dans le sang, histoire qui m’aurait été enseignée non seulement par des professeurs d’école, mais surtout par des parents qui à chaque jour exprimaient avec fierté leurs origines
J’aurais un besoin inné de raconter le vécu de mes ancêtres à toute ma descendance afin que mes aïeux survivent et que l’on se rappelle.
Que je demeure en Louisiane, en Europe ou en Afrique, je serais toujours foncièrement Acadien, prêt à revenir dans mon pays natal.
Comme Acadien, j’aurais les racines de mon peuple en moi, et les transporterais avec dignité jusqu’à ma mort. 

Né d’un père Montréalais et d’une mère Gaspésienne, hélas décédée 9 mois après ma naissance, le destin a voulu qu’une belle Acadienne prenne la relève pour nous aimer ma sœur et moi, tout en ajoutant plus tard une autre petite sœur à notre famille.
Et c’est avec l’amour de cette maman que l’Acadie a commencé à intégrer mon ADN pour toujours. 

Comme ils disent en Louisiane : « Ce n’est pas pareil, mais proche parent ».

Dans mon cas, je ne suis pas Acadien de naissance, mais je suis proche parent. 

Alors chère Acadie, « Attends-moi sur le corner, je vais revenir back tantôt » 

Texte de Michel Guertin, publié juillet 2025

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