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Textes concours d'écriture 2023

« Je fais ou ne fais pas du bénévolat, parce que... »

«Je fais du bénévolat parce que…»

    

Au premier abord, ce sujet m’apparaît plutôt aride et j’ai l’impression que ma réponse sera un tant soit peu desséchée. Je sens le besoin de recréer une atmosphère désertique afin d’observer l’évolution du semis que vous avez introduit dans mon esprit par le présent sujet : «Je fais du bénévolat parce que…»

Me représenter «petite graine de vie» m’apparaît inspirant. En réexplorant mon vécu, cette fois-ci, avec en tête le volontariat, je réalise qu’il ne ressemble en rien à un désert!

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À mon insu se sont entrelacées des minutes, voire des heures d’implication gratuite ici et là à travers ma vie d’adulte, sur le marché du travail. Maintenant, adulte vraiment retraitée, c’est plus consciemment que «je fais du bénévolat». J’emploie l’expression «vraiment retraitée», car, après vingt-sept années d’enseignement aux adultes et au primaire, j’ai pris une première retraite puis, pour ajouter au plaisir, je suis retournée enseigner dix autres années à temps partiel cette fois-ci en francisation. J’ai pris une deuxième retraite pour ensuite m’investir bénévolement en francisation auprès d’enfants à problème social.

 

Ce pan de ma vie m’a nourrie amplement et, inversement, j’ai semé abondamment ne serait-ce qu’en ajoutant plusieurs heures de classe non rémunérées afin d’aider des enfants en difficulté, en fabriquant des costumes pour une chorale dont mes enfants faisaient partie ou en organisant des activités extra-scolaires. J’ai également participé bénévolement au journal de ma région en y rédigeant une chronique tous les mois, ceci durant douze ans. En outre, je me suis impliquée dans différents conseils d’administration et j’en passe. Peut-être que le moment est bien choisi de me poser «votre» question et d’en faire «mienne»!

Tout bien considéré, ma petite graine de vie est tombée dans une terre fertile et durant toutes ces années, malgré quelques saisons plus difficiles, il est clair que le soleil et l’eau ne lui ont pas manqué. Résultat, mon développement mental et social s’est graduellement développé. La minuscule graine n’a pas eu peur de se mouiller, de se défaire de son enveloppe, pour finalement produire une plante prête à étendre ses racines.

 

Comme toute bonne terre doit se reposer périodiquement, j’ai régénéré le sol entourant ma plante en prenant une petite pause. Puis, ressentant toujours une urgence de produire, à l’automne 2022, j’ai amorcé un départ au Centre d’Action Bénévole de mon milieu. À la cadence d’un ou de deux après-midis semaine, je cuisine pour l’épicerie du Centre et pour la popote roulante. À l’occasion, je fais du remplacement à l’accueil ainsi qu’au dépannage alimentaire, ce qui alimente ardemment mon besoin d’apprendre et de côtoyer des personnes authentiques, ce qui me stimule. Du travail de terrain comme j’aime en faire! De l’aide concrète apportée à des gens dans le besoin! Cette expérience humaine nourrit mon âme et me sort d’un isolement qui pourrait être envisagé n’ayant pas investi suffisamment dans mes amitiés lorsque je travaillais. Dans cet ordre d’idée, faire du bénévolat a représenté et représente toujours une merveilleuse occasion de rencontrer de nouvelles personnes, d’échanger sur différents sujets et de partager nos connaissances personnelles.

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En rentrant chez moi, après mes heures de bénévolat, je mentirais si je disais qu’il reste de l’énergie à la petite dame de soixante-quinze ans que je suis. En fait, je suis complètement vannée! Mais inversement, la fatigue ressentie me dynamise. Je la nomme «ma belle fatigue». Je songe au travail accompli et j’en retire une immense satisfaction. Je suis heureuse d’avoir donné avec le sourire et ceux que je reçois en retour me procurent un plaisir impossible à acheter.

Par son implication, ma petite graine de vie apporte à sa communauté de quoi nourrir d’autres graines de vie. Qui sait? Peut-être qu’un jour ces nouvelles pousses auront-elles le désir de produire à leur tour? De faire bénéficier à d’autres un peu de ce dont elles ont reçu? Petit grain va loin! Je suis certaine que cet investissement de mon humble personne contribue à enrichir mon milieu. Je fais partie de la cohorte des bénévoles des années 2020 et tous ensemble nous contribuons à enrichir la société par notre apport gratuit, qu’importe le domaine dans lequel nous nous investissons.

 

Tout compte fait, 

Si ce n’était de toutes ces petites pousses vertes qui parsèment le sol des villes et des villages, 

Si ce n’était de tous ces minuscules boutons qui surgissent au fil des mois, 

Si ce n’était de ces nombreuses fleurs multicolores qui éclosent jour après jour dans le domaine du bénévolat,

La terre serait vraiment un sentier désert.    

Puisque nous marchons côte à côte sur cette terre, nous nous enrichissons les uns les autres en pratiquant le loisir du bénévolat, quel qu’il soit. Peut-être pouvons-nous imaginer apporter un brin d’humanité par notre contribution joyeuse et généreuse, car la petite graine de vie en chacun de nous jaillit sur son entourage!

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Note de l’auteur: Dans le fond, il n’est pas aussi aride que ça votre sujet!

 

Texte de madame Mireille Lessard Labrecque, alias « Graine de vie » de la région de l'Estrie.

Publier, juin 2023

Se donner et être aimé !

 

Obélix est tombé dans la marmite de la potion magique, moi, je suis tombée dans la marmite du bénévolat !

Très jeune, mes parents m’ont initiée à donner… Donner de l’amitié, donner du bonheur, donner de l’amour, donner du temps ! 

Mon premier travail ne se définissait pas en bénévolat, mais avec du recul, je considère qu’il en était un peu !   Le couple voisin de mes parents réunissait les enfants de leurs amis pour leur sortie du samedi soir et me confiait six jeunes enfants pour la soirée et une partie de la nuit. 

Ma mère me faisait toujours la leçon avant de quitter : « Quand les enfants sont couchés, tu ramasses les jouets, tu fais la vaisselle, tu nettoies tout. Ainsi, ils vont t’aimer et vouloir que tu reviennes ». 

J’en mettais du temps à faire la vaisselle, car la p’tite gang avait soupé et tout laissé sur place ! À leur retour, je recevais .25 c par heure de gardiennage. J’étais contente pour les sous amassés, et j’étais heureuse d’avoir été appréciée. Jamais je n’ai vu ça comme de l’abus. Naïveté ? Innocence ? Peut-être… Mais aujourd’hui, je sais que j’aime donner, je préfère même donner que recevoir, c’est probablement ce que je ressentais déjà dans ma jeune jeunesse !!! 

À l’école secondaire, j’étais de tous les comités et de toutes les organisations. J’adorais l’école, je réussissais très bien, et je crois que ces implications me rendaient la vie étudiante encore plus enrichissante et attrayante. À travers toutes ces activités, je me sentais valorisée et intéressante, et surtout, je me sentais aimée !

 Tout en m’occupant de ma petite famille, je trouvais le temps de m’impliquer dans beaucoup d’organismes qui faisaient partie de nos vies : loisirs municipaux, comité d’école, de musique, de patinage artistique, de hockey… Après réflexion, je me demande si je ne compensais pas le manque de reconnaissance familiale (sans méchanceté !) par ces activités qui me faisaient sentir, encore une fois, importante et aimée. 

 

À la mi-quarantaine, j’ai changé de métier et j’ai réalisé un rêve qui était celui d’accueillir de jeunes enfants de la DPJ. La charge de travail est grande pour la rémunération qui en découle. C’est donc sous une certaine forme de bénévolat que j’ai œuvré avec mes petits et grands blessés pendant de nombreuses années.

Avec mes petits protégés, mes loisirs se limitaient au bénévolat dans les différents milieux qu’ils fréquentaient. Je donnais donc du temps à la garderie, à  l’école et dans les différentes activités qu’ils pratiquaient.

Ils ont vieilli et je me suis jointe à la Société Canadienne du Cancer dans le cadre du Relais pour la vie. Durant plusieurs années, j’ai été très intense dans ce projet et j’y ai consacré un nombre incalculable d’heures tellement je croyais à la cause. 

 J’y ai même intégré mes jeunes en leur confiant différentes tâches et, ainsi, je les ai sensibilisés à la maladie et au bénévolat. Ils ont appris le don de soi, la bienveillance, la compassion. Ils ont développé différentes compétences et ils ont gagné en confiance et en autonomie.

Je me questionne sur une réaction de ma part. Un jour, j’ai aidé un proche en prenant en charge son restaurant pendant quelques semaines, mon frère, propriétaire, venait de s’effondrer. Tout allait super bien et je gérais la place comme une professionnelle. La cuisine, les employés, le service, je m’amusais dans ces tâches que j’apprivoisais et, je l’avoue sans prétention, je réussissais très bien ! 

Le jour où il a décidé de m’octroyer un salaire, j’ai perdu tous mes moyens, j’avais l’impression de ne plus savoir quoi faire et je finissais mes journées dans un état d’épuisement total. Je n’étais jamais satisfaite, j’ai perdu ma bonne humeur, mon enthousiasme et mes performances étaient nuls ! J’ai vite donné ma démission, je ne croyais plus en mes capacités.

Un jour, j’ai été invité au fabuleux gala de la Chambre de Commerce de la Ville où j’habitais. Accompagnée de ma famille, je fus heureuse d’assister à cette belle soirée ou je fus reconnue pour mon bénévolat dans diverses activités. J’ai reçu des éloges, félicitations, plaque souvenir et des fleurs. J’ai dû prendre la parole afin de remercier pour cette reconnaissance qui m’était attribuée. Je l’ai fait et j’étais heureuse d’avoir enfin l’occasion de remercier publiquement ma famille et tous mes proches.

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C’est à eux que reviennent toutes les louanges qui m’étaient adressées. Eh oui… Faire du bénévolat pour une bénévole-née, c’est vital, c’est facile, c’est plein de moments heureux, c’est son choix, sa façon d’être. Vivre avec une telle personne c’est un peu vivre en eaux troubles : on les implique dans toutes les organisations pour lesquelles on s’affaire et on ne leur laisse pas vraiment le choix !   On aime tellement ce que l’on prépare que l’on pense que tout le monde est d’accord !

 J’ai fait vivre des situations cocasses à mes enfants sans même leur demander leur avis. Je me rappelle encore du carnaval que j’organisais pour mon village. Une duchesse n’avait pas de prince consort et c’était important. J’ai supplié (pour ne pas dire exigé) mon fils aîné de me rendre ce service ! Un ado de 16 ans, qui se doit de vendre du chocolat pour aider la fille qu’il ne connait même pas… Il me parle encore de son expérience, de l’habit que je lui ai fait porter le soir du bal et combien il était mal à l’aise !!! 

Ma gang a monté et démonté des salles de conférence, de partys, de carnaval, de rencontres, de spectacles de tous genres ! Ils ont vendu des billets, distribué des affiches, attendu des fins de soirée, installé des décorations, écouté mes discours, enduré mon stress et mes doutes la veille de certaines activités !

Les instants de ma vie partagés en bénévolat sont des instants de grand bonheur. J’ai rencontré des gens de cœur avec qui il était facile de rêver. Rêver de nouveaux projets, de grands défis, de réussite, sans contrainte, sans barrière, aucune obligation, juste celle de faire plaisir, de réconforter et de créer des divertissements pour l’entourage.

  J’ai eu droit à de la reconnaissance, à des amitiés sincères, à des partages de pleurs, de rires, de peur face à de gros défis et d’euphorie dans de belles réussites.

Comme je l’ai mentionné, à mon premier travail ma mère m’avait dit « ils vont t’aimer » !

 Merci maman, grâce à tes enseignements, toute ma vie, j’ai baigné dans l’amour !

 

 Texte de madame Michelle St-Louis, "alias Moie", Laurentide

Publier, août 2023

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Je « bénévole »

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Je l’avoue, je le confesse, je le reconnais, mais je ne m’en excuse pas : oui, je « bénévole » et depuis longtemps. Je ne me vante pas de voler « bien », ou de « bien » voler. Je ne suis un pas criminel. En fait, je ne suis ni mieux ni pire que quiconque. Mais je vole. 

Je « bénévole » du « bien » du « beau » et du bon. Ne prenez pas ces mots pour des qualificatifs, ce sont des substantifs, des mots qui ont de la substance. Je vais à l’essentiel. Je vole l’essence de la vie, ce qui donne à la vie sa saveur et sa valeur : le « bien », le « beau » et le bon.

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Les sourires, l’entraide, le soutien, l’accompagnement, les menus travaux, ces gestes me font autant de « bien » qu’ils en font aux personnes pour qui je les pose. 

Ainsi je vole du « bien » aux autres, je « bénévole » du « bien ».

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Lorsque les gens que je côtoie relèvent la tête, sourient, manifestent leur satisfaction, disent se sentir « mieux qu’avant » à mon contact, ils deviennent lumineux et « beaux ». Ce « beau » m’embellit aussi, car je rayonne de joie. Je suis satisfait de moi-même et fier d’avoir été utile. Une lumière nouvelle m’éclaire et me montre le chemin.   

Pourquoi ne pas admettre que je vole du « beau » aux autres, je « bénévole » du « beau ». 

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Entrer en contact avec des personnes dans le besoin, quelle que soit la nature de celui-ci, cela est juste et bon, salutaire et raisonnable. 

Il est dans la nature de l’être humain d’aller vers ses semblables, de leur parler, de les toucher, de les aider, de contribuer à leur « bien-être ». Cela est aussi « bon » et agréable pour les autres qu’il l’est pour moi.

On conviendra que si cela est « bon », c’est que je « bénévole » du « bon ». 

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Je n’ai pas de scrupule à « bénévoler » de la sorte, car cette conduite est partagée par de nombreuses personnes, toutes plus altruistes les unes que les autres.  

S’il fallait me poursuivre, m’interpeller, m’arrêter, m’accuser, me juger, il faudrait faire subir le même sort à beaucoup de gens, à toutes ces personnes qui œuvrent dans les organismes communautaires, dans les associations, dans les paroisses, dans des clubs sociaux de toutes sortes et qui « bénévolent » autant que moi. 

Pour sanctionner le bénévolat, il faudrait aussi des plaignants, et d’abord un règlement, un décret, un code, une loi qui prescrive la pratique du bénévolat. Au nom de quoi aurait-on formulé un tel interdit ? 

Finalement et malgré que le bénévolat se pratique dans de nombreux endroits, sa mise en cause bénéficierait d’un non-lieu. 

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Que nous « bénévolions » ne peut être mis en doute. Les preuves sont nombreuses, multiples, éloquentes. 

Mais qui se plaindrait d’un tel commerce dont on dit qu’il est équitable puisque chacune des parties en retire des bénéfices. Prenons l’exemple de notre association pour illustrer ce point de vue. 

Il n’est pas difficile de reconnaître que le travail bénévole de nos animatrices et animateurs, de nos officiers et de nos collaborateurs, leur procure du « bien », du « beau » et du « bon ». On a qu’à voir leurs sourires.  

Et que serait la fidélité de nos membres sans les personnes qui animent nos ateliers avec rigueur et constance ? Quel temps nous leur prenons, pendant qu’ils nous « bénévolent » de leur générosité, de leur attention, de leur soutien !

Que serait aussi l’intérêt de nos membres sans l’immense travail silencieux qui se cache derrière le maintien de notre secrétariat, la tenue de nos finances, le journal l’Olivier, le site Web, la page Facebook, l’infolettre, la bibliothèque, l’organisation des activités et événements spéciaux, le contact avec les membres, la révision des programmes, la présidence du conseil ? 

Le bénévolat n’a pas de prix. Il n’est pas gratuit pour autant. Le bénévolat se transige en sympathie, en chaleur humaine, en disponibilité. 

Autant que la parole et le sourire, le bénévolat nous distingue de tous les êtres de la création en manifestant notre humanité.   

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Texte de André Gervais, alias...lbénévoleur, Laval

Publier septembre 2023

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